Comment Ne Plus Perdre En Confiance Pour Se Faire Respecter

Le respect ne se demande pas, il se gagne.

Et le respect est demandé de tous pour tout (égalité des sexes, les pronoms, hommes, femmes,…).

Pourtant on ne sait plus comment l'obtenir.


Par ailleurs, il n'existe pas sans la confiance.

Hors, notre société actuelle vit un réel manque de confiance.

Le sentiment de ne pas être respecté allié à un manque de confiance généralisé crée un cocktail détonnant.

Pourtant se sentir respecté est apaisant.

Être en confiance, c'est respirer.

Lorsque les deux sont présents, alors la tendresse peut arriver.

Malheureusement ce qu'est le respect et comment l'obtenir relève presque du secret.


Il est dès lors fascinant d'observer que le contraire se passe avec les chiens.

On ne demande pas plus de respect de la part des chiens, mais à plus les respecter (même si on ne sait plus ce que c’est).

Ceci est une bonne chose, jusqu'à un certain point.

Et cette limite est souvent dépassée, ce qui participe à l'énorme prévalence des problèmes de comportement actuels.

Une relation équilibrée (entre confiance et respect) promet une vie équilibrée, pour soi et son chien.

Une connexion n'est que renforcée par la présence des deux de manière dynamique.


Un problème du moment

Madame Vary était ma prof de mathématique lorsque j'avais 16 ans.

Elle avait une petite quarantaine d'années et venait de France, suivant par amour son mari en Belgique.

Passionnée de math elle avait terminé là où beaucoup terminent leur carrière académique : entouré d'ados désintéressés.

Il était évident qu'elle n'était pas faite pour ça.

Introvertie et timide, la plupart d'entre nous lui faisions passer des moments compliqués.

Jusqu'à ce fameux mardi matin.

Depuis plusieurs semaines, Mme Vary sentait qu'elle devait reprendre ses classes en main.

Elle tentait petit à petit de regagner le respect de la part des élèves.

Alors qu'elle écrivait au tableau la solution d'un problème trigonométrique, certains chahutaient.

Elle se tourna alors violemment et, poussa, aussi fort que possible un tremblotant: "Maintenant ça suffiiiit !"

La réaction des élèves fut immédiate. Des explosions de rire pour certains, d'autres tentant de se contenir.

À partir de ce moment, Madame Vary perdut pour le reste de l'année la bataille qu'elle menait.


Ce qui manquait à Madame Vary, c'est la compréhension que le respect ne s'obtient pas sur un instant.

Le respect est une relation qu'on tisse.

Lorsque l'on cherche à obtenir du respect de manière instantanée c'est souvent parce que l'on a laissé les choses aller trop loin.

À la manière d'une balançoire, le respect est la tension dans la corde, la confiance la possibilité de mouvement.

Trop de respect, et la balançoire ne bouge pas.

Trop de confiance, et elle se transforme en film d'horreur.

Ces cours de math se faisaient avec trop de possibilité de mouvement.

Dès lors, pas d'apprentissage et beaucoup d'anxiété.

Beaucoup de propriétaires de chiens vivent la même chose.

Difficile pour eux de trouver l'équilibre entre trop de confiance (et dès lors trop de liberté) et trop de respect (pas assez d'exploration).

Alors, plutôt qu’un balancement fluide, ils passent d'un extrême à l'autre.

De trop de confiance et donc trop de chaos, à trop de respect et dès lors trop de tension.


La société réelle et virtuelle en embuscade

« Je me sens pas à l’aise de corriger mon chien en public »
— 55% de mes clients

Vient en plus s’ajouter cette nouvelle tendance : ne pas forcer le chien.

Énormément de confiance, un minimum de respect.

Les humains doivent donc respecter énormément les envies du chien, et recevoir très peu de confiance.

Sauf que pour le chien, la dynamique entre respect et confiance fonctionne différemment.

Entre humains, respecter signifie :

  • Garder dans un cadre

Faire confiance :

  • Donner de l’espace (laisser son enfant jouer seul à la plaine de jeux).

Pour les chiens :

  • Pousser son propriétaire à rester auprès de lui

Et :

  • Lui permettre de bouger.

Il y a donc un trade-off.

En demandant peu de respect à son chien, on lui permet de rester près de nous sans arrêt.

Il ne peut donc pas explorer et faire ses expériences comme il en a besoin.

Il devient alors dépendant.



Une boucle est alors créée.



Le chien voudra rester de plus en plus près de son propriétaire, imposant le respect à ceux autour d'eux.

La seule confiance qu'il aura sera envers son humain, le monde les entourant étant trop anxiogène.

En résulte :

  • Un humain qui ne peut se faire respecter par son chien

  • Un chien qui ne fait confiance à rien

Et voilà une grande partie d'explication de la présence grandissante de chiens anxieux.

N'ayant plus de limites, leur balançoire devient trop anxiogène et ils se retrouvent prisonniers de leur stress.

Leurs humains avec eux.

Le manque de respect trouve également son origine ailleurs : l'ignorance de la façon de se faire respecter.



Se fâcher et être fâché.

« Méfiez-vous de l’homme silencieux. Car pendant que les autres parlent, il observe. Et pendant que les autres agissent, il planifie. Et quand ils se reposent enfin... il frappe. »
— Vice

Il fut un temps où les hommes politiques imposaient le respect.

De Gaulle, Roosevelt, Churchill, étaient tous de vrais leaders. Ils imposaient le respect par leur simple posture.

On ne les voyait que rarement perdre leur sang froid ou s'énerver.

Ce qu'il se passe aux échelons supérieurs se reflète toujours dans les échelons inférieurs.

Un enfant se comportera similairement à ses parents.

Un adulte se comportera comme ses amis.

Un président, comme sa nation.

Dès lors, à cette époque, des liens respectueux, avec des adultes capables de mettre des limites étaient présents.

Nous n'y parvenons plus à présent.

Pire, nous en avons peur.

Plusieurs raisons expliquent ces peurs :

  • Une absence de modèles

  • Une société tournée vers l'hyperouverture

  • Une ostracisation des règles

  • La peur d'être jugé

  • Le climat d'ultra respect des émotions

Tout le monde met des limites, mais, en public, chacun prétend ne pas le faire.

Actuellement un amalgame est fait entre irrespect des émotions et leur limitation.

Comme si laisser les émotions de quelqu'un s'envoler était l’unique bonne chose à faire.

On ne s'aventurera pas dans le monde de l'éducation des enfants (il y a beaucoup de choses à dire), mais ces questions s'appliquent également à nos chiens.

De nombreuses théories actuelles appuient sur l'importance de "laisser le chien s'exprimer". Cela signifie le laisser aboyer, fuire ou se cacher s'il en ressent le besoin.

L'idée étant qu'après un certain temps, il pourra se détendre et faire avec cette situation.

Et dans beaucoup de cas, cela est correct.

L'un des bémols de cette méthode (auto-proclamée) "respectueuse" ou “positive”, est qu'elle ne l'est aucunement pour les propriétaires.

Ces derniers sont obligés de modifier complètement leur vie.

Si le chien est réactif, obligation de changer de lieux de promenade, faire de grands détours ou pire, ne plus sortir.

Si le chien aboie à la fenêtre, fermer les rideaux et volets afin qu'il ne voit rien qui puisse le contrarier.

Si le chien ne suit pas toujours à la laisse, fourrer ses poches de poisson et viande pour avoir son attention.



Plus tôt cette semaine une cliente cherchait de l’aide afin d’apaiser son chien.

Étant l'une des personnes les plus douces qui existent elle souhaitait ne pas blesser son chien.

Elle se montrait extrêmement empathique : Chaque besoin était anticipé, la maison était arrangé pour son plus grand confort, toutes les vacances étaient organisées afin qu'elle puisse en être.

Au moment de lui demander de rester à l'intérieur, un énorme "PAS BOUGER", émana de son ventre.

J'en sursautai de peur.

Et c'est le risque d'une méthode équilibrée (qui associe liberté et limites), la capacité des propriétaires à se fâcher.

Et surtout, à faire la différence entre être fâché et se fâcher.

Être fâché est purement humain. Il s'agit de garder de la rancune, en vouloir. Non seulement on se met en colère, mais elle dure, bien après l'événement qui l'a initié.

Se fâcher par contre est une montée rapide d'intensité, suivie d'une redescente tout aussi rapide.

Beaucoup perdent leur sang-froid et deviennent frustrés ou agressifs.

Être fâché ressemble à la marée. Son mouvement est lent, et il est difficile de voir une variation.

Se fâcher est un éclair sans tonnerre. D'un lieu tout à fait calme un court et abrupt éclata lieu, suivi directement par du calme.

Soyez un éclair, avant de redevenir un ciel bleu.


Une relation à soi

Certaines zones géographiques possèdent des sources d'eau chaude qui s'accumulent dans une cavité entourée de roches résistantes.

La pression dans le réservoir augmente à cause de la température combinée à l'augmentation de quantité d'eau.

Ces réservoirs ne permettent qu'un point de sortie vers le haut.

Au fur et à mesure, malgré qu'à l'extérieur tout reste calme, la température intérieure augmente.

La pression augmente également et, lorsque trop forte, une explosion d'eau et de chaleur se fait par le haut.

Cette explosion permet de revenir directement à une pression basse jusqu'au prochain cycle.

Ce mécanisme est celui des geysers.

Il est possible de le transposer à la relation avec son chien (ou son enfant mais on a promis de pas en parler).

Les mêmes composants sont nécessaires pour instaurer plus de respect.

La roche solide et le réservoir seront la capacité du propriétaire à rester calme.

L'eau qui monte sera l'excitation du chien.

La sortie d'eau sera le bref moment de discipline.

Il n'y a qu'un paramètre sur lequel vous pouvez agir à l’avance: le réservoir.

Il est impératif que vous ayez la capacité d'être une source de calme pour votre chien.

Sans calme, pas de respect.

C'est là le secret. Sans c’est de la crainte ou de la méfiance que vous imposez.

Cela nous mène dès lors au véritable fond du problème : Il faut un certain amour propre pour être calme.

Le tout fonctionne ensemble.

Lorsqu'un propriétaire éprouve des difficultés à discipliner son chien, généralement le problème se trouve dans l'une de ces cases.

3 étapes pour obtenir du respect calmement

  1. Le tracé

Lors de mon premier jour de formation chez Cesar Milan nous devions faire une auto-évaluation.

Cesar Milan parle de 4 énergies nécessaires à une bonne relation :

  • Calme

  • Confiance

  • Amour

  • Joie.

Il nous était demandé de choisir avec quelle énergie nous avions le plus de difficultés.

Il m'était impossible de choisir, simplement parce que les 4 me faisaient défauts.

Au début la réalisation fut violente. Mais ensuite, cela m'a donné un chemin que je pouvais suivre.

C'est la beauté lorsque l'on s'évalue soi-même.

C'est dur, mais cela dessine notre propre chemin.

Alors ? Quelle case te semble la plus nécessaire à remplir chez toi?

Si tu n'en as aucune idée, démarre par la dernière et remontez doucement les différents niveaux.

Pour chaque niveau, cite un ou plusieurs points auxquels cela te fait penser concernant votre situation.

Cela esquissera le début d'un chemin que tu peux suivre afin de construire plus de respect entre vous.

2. Choisir une action

Une autre chose dont je me rappellerai longtemps lors de ma formation est cette balade avec Cesar, à deux.

Pendant 25 minutes, j'ai pu marcher avec lui car Winston était le chien le plus compliqué du groupe.

Je m'attendais à des conseils incroyables, des envolées techniques. Mais rien de tout cela.

Durant les 3 premières minutes de notre balade, il a simplement respiré. Le plus profondément possible.

Parce qu'il s'agissait de l'action qui allait avoir le plus d'impact.

Il en va de même pour toi.

Ce qui rend très difficile le changement est que l'on est rapidement dépassé par tout ce qu'il y a à faire.

Choisis une action.

Une seule.

En regardant ta liste, en voyant tout ce qu'il y a à faire.

  • Lequel des points te semble le plus important actuellement ?

  • Quelles sont les différentes actions que tu pourrais faire pour commencer à le changer ?

  • Sur toutes ces actions, laquelle te saute aux yeux ?

Fais celle là. Pas plus. Concentre toi sur cette action durant 2 semaines et regarde les effets autant que la difficulté.

Dans le changement, le plus dur c'est la constance.

Si tu parviens à maintenir cette nouvelle habitude pendant 2 semaines, alors tu peux en ajouter une autre.


3. De la grâce

« Le seul chemin tout tracé est celui déjà parcouru »
— The Killer

Une difficulté est récurrente dans les cas de manque de respect.

La personne ne se respecte pas totalement.

Et lorsque c'est le cas, on trouve plein de raisons de continuer de la sorte.

Et manquer l'un de ses engagements est une de ces opportunités.

Se donner de la grâce, de l'espace pour changer et échouer est essentiel.

Nous sommes humains et vouloir changer ne veut pas dire emprunter une ligne droite.

C'est un chemin inconnu, sinueux qui se découvre au fur et à mesure.

Sur ce chemin il y a des échecs. C'est par définition ce qui fait de ce chemin, le chemin.

Et juste après l’échec, il y a du pardon. Du pardon envers soi et ces erreurs.

Plus vite tu éviteras de t’en vouloir, plus vite tu pourras continuer à avancer.

Mais n'utilise pas ces erreurs pour revenir à ce que tu faisant avant et te flageller.

Parce qu’au final ce n'est souvent qu'une excuse pour ne pas continuer à faire face aux nouvelles difficultés.

Alors pardonne toi pour aujourd'hui, et reprends demain.

Le respect se gagne par petit pas, autant ne pas trop attendre pour faire le prochain!


Merci de m'avoir lu.

À la semaine prochaine pour une nouvelle lettre.

Merci à @shaworks pour son illustration.

Pour avoir plus d’idées et de compréhension sur ce que c’est d’être un propriétaire libre, devenez membre de l’Académie.

Olivier

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Structure, De Torture à Futur