Structure, De Torture à Futur

La vie est structurée.

Les saisons suivent une structure.

La croissance d'un foetus, le mouvement des planètes également.

Une structure permet une prédictibilité.

Cette prédictibilité diminue l'anxiété.

Et une structure ne doit pas être une prison.

Son but est de mettre de l'ordre et ainsi lutter contre le chaos.

Beaucoup de propriétaires de chiens vivent dans ce chaos ou dans la peur de ce dernier. (Bagarres - fuites - tirage de laisse- ...)

Pourtant beaucoup de conseils d'éducation soutiennent (parfois malgré eux) le désordre.

Cela empêche alors les propriétaires d'expérimenter réellement la liberté que peut représenter la vie avec un chien.

Parce que la structure met des limites, elle définit un jardin.

Et où se sent-on plus libre que dans son jardin ?

Le paradoxe du moment

2023 a été l'année avec le plus haut taux de satisfaction au travail.

Paradoxalement, c'est également l'année avec le plus haut taux de burn-out.

La satisfaction vient du travail hybride avec le choix de travailler à distance ou à domicile.

Les burn-out viennent du stress qu'occasionne cette nouvelle liberté.

Cela s'appelle le paradoxe du choix : Si l'on a le choix entre deux goûts de glace, la décision sera simple à prendre. Par contre face à une dizaine de saveurs, le choix deviendra source d'angoisse.

Mais notre société fait l'éloge du choix. Et fait même un amalgame entre choix et liberté.

Si l'on comprend le paradoxe du choix, on comprend que les deux ne sont pas forcément synonymes.

Il en va de même pour nos chiens.

Peut-être encore pire.

Car si les humains sont perdus dans leur propre monde, qu'est ce que cela signifie pour nos chiens?


Une spirale vers plus de liberté, plus de chaos

Les propriétaires sont débordés d'informations de la part d'une multitude d'éducateurs, tous sachant mieux que le précédent.

Ils se retrouvent donc avec le choix entre 10 méthodes pour le même problème.

Première source d'anxiété.

Heureusement ils constatent que ce qu'ils ont vu hier sur Youtube fonctionne aujourd'hui.

Ouf, soulagement.

Mais à partir du 2e ou 3e jour, cela ne fonctionne plus.

Deuxième source d'anxiété.

On passe à la prochaine vidéo. Mais cette fois, les deux méthodes vont se mélanger.

Retour du stress, cette fois combiné.

Mais si sur les vidéos ça marche, et pas avec moi, le problème, c'est moi. La culpabilité pointe le bout de son nez (une lettre sur la culpabilité).

Troisième source d'anxiété

Et cela s'intensifie au fur et à mesure.

C'est ainsi que les solutions deviennent alors de donner plus de "libertés" au chien.

D'être plus "respectueux" du chien.

Et le chien est donc laissé au même endroit que ces contemporains bipèdes. Dans l'anxiété de devoir choisir.

Et c'est ainsi qu'un chien que l'on voulait plus libre, se trouve enfermé dans son stress.

Il deviendra alors moins respectueux de son propriétaire et de ses demandes.

Il y aura donc plus de problèmes, et on redémarre le cycle.


De la structure, de la sécurité

Une de mes amies a habitué son Terre Neuve à s'asseoir à chaque fois qu'ils vont traverser.

Il ne bougera pas avant d'avoir eu l'accord de la part de sa propriétaire.

Elle lui a très clairement appris ce comportement.

Elle n'a donc jamais à se soucier de lui lorsqu'elle traverse la route.

Il s'agit pourtant de structure.

Elle le fait sans bonbons, mais aussi sans agressivité.

Simplement avec un cadre.

Ce chien promène donc en permanence sans laisse.

Sa propriétaire est extrêmement relax (condition sine qua non à une marche sans laisse). Et cette relaxation vient de la confiance qu'elle a en son chien.

La discipline offre de la liberté.

Toute personne ayant poursuivi le moindre rêve connaît cette vérité.

Cela a longtemps été un rêve pour moi de pouvoir promener mon chien sans laisse.

Á de nombreux moments j'ai cru que cela n'arriverait jamais. J'avais pendant plusieurs années abandonné l'idée.

Mais à force de structurer les choses pour lui, j'ai pu prendre en charge une partie de son anxiété et lui permettre d'être 99% du temps sans laisse.

Et je n'y croyais pas moi-même.

C'est dans ces moments, lorsque je vois que c'est possible, que cela m'enrage de voir des éducateurs refuser de mettre du cadre aux chiens.

Comme si cela était malveillant.

Chacun de nous avons eu des professeurs sans aucun cadre et d'autres de l'autre côté du spectre.

Il est facile de savoir quels cours avaient lieu dans le plus grand des calmes. Il n'y avait pas besoin de réfléchir quelle était la prochaine connerie que Jonathan préparait sur le banc d'à côté.

Nous pouvions simplement nous concentrer sur le cours. Et nos notes s'en ressentaient. (Sauf si vous aviez un prof abusif, auquel cas, structuré ou pas, les conditions étaient mauvaises)

Un chien, comme un humain, se sent apaisé par la structure.

La prédictibilité est relaxante.


La structure comme auto-régulation

« La prudence c’est choisir une douleur en prévention d’une autre »
— Andre Comte-Sponville

Pour battre le record du monde du 100 m, Usain Bolt s'est entraîné pendant plus de 10 ans.

Pour 9 secondes de course.

Les sacrifices ont été géographiques, physiques, relationnels.

Cela a été le résultat d'efforts constants, tant corporels que mentaux.

Des résultats exceptionnels nécessitent des comportements "extraordinaires".

Et peu importe le problème auquel tu fais face, il est la preuve que des changements sont nécessaires.

Être stricte sur certaines choses n'est jamais un plaisir. Priver un être qu'on aime n'est jamais agréable.

La même tendance s'observe chez les parents de jeunes enfants. Il est parfois plus facile de céder que de faire face aux émotions que le refus va occasionner.

Parce que mettre de la structure c'est aussi apprendre à s'auto-réguler.

Je suis sûr qu'Usain Bolt n'avait pas envie de participer à au moins la moitié de ses entraînements.

Mais en ayant son objectif en tête, il a pu surmonter les émotions qui le poussaient à rester au lit.

Pourtant, le résultat n'était pas garanti.

Seulement, il était certain qu'il n'y parviendrait pas s'il n'était pas à l'entraînement chaque jour.

Dans le cas de son chien le travail est double.

A. Se discipliner soi-même

Mettre plus de structure à son chien, c'est pouvoir la tenir pour soi.

Parce que changer son chien, c'est se changer soi.

Si l'on veut un meilleur chien, il faut être un meilleur propriétaire.

Et pour cela, il faut être un meilleur humain.

Il est nécessaire de comprendre les émotions qui viennent avec les règles que l'on impose ou que l'on s'impose.

Pouvoir les naviguer et agir malgré elles.

C'est l'auto-régulation dont nous avons tous besoin afin de devenir de meilleures personnes.

Pour cela il est nécessaire de servir une plus grande cause ou un plus grand objectif.

Quel est ce plus grand objectif que tu souhaiterais atteindre ?


B. Discipliner son chien

La plus grande difficulté que les propriétaires vivent avec leur chien, c'est le sentiment d'être trop dur avec eux.

Que d'une certaine manière leur âme va être abimée par de nouvelles règles.

Certains éducateurs vont jusqu'à dire que les chiens auront peur de leurs maîtres et que cela les laissera dans la confusion.

Sans voir que c'est le manque de structure qui mène à la désorientation.

Le chien vit sous le joug de trop de stimuli. Il ne sait dès lors plus auquel répondre et agit alors de manière totalement désorganisé.

"Il a un comportement bizarre"

"Je comprends plus du tout ce qu'il fait après un moment"

Généralement ces phrases témoignent d'un manque de structure.

As-tu déjà été dans un travail où le manager vous laissait carte blanche ?

Pas forcément rassurant n'est-ce pas ?

Pour pouvoir mettre du cadre à son chien, il faut avoir la certitude que cela l'apaisera.

Un exemple parlant avec les humains : Deux mamans au lever.

L'une a un cadre très clair, de 6h30 à 8h, les événements s'enchaînent. Tout le monde sait ce qui est attendu et chacun doit suivre les règles mises en place.

La seconde se réveille à la même heure, mais ici on suit les envies des enfants. Parfois, on se brosse les dents d'abord, parfois on prend 10 minutes à mettre un t-shirt.

Quels enfants auront le plus de chance d'arriver calmement à l'école ?


La structure pour du calme

La plupart des troubles du comportement canin trouvent leur origine dans l'excitation.

Prendre en charge l'excitation c'est diminuer de 60% les chances de comportement indésirables.

Une structure amène du calme car elle diminue l'anxiété liée au paradoxe du choix.

Il n'y a finalement qu'un choix c'est suivre ce qui est attendu. Et ensuite, on obtient la liberté et la possibilité de faire ce qu'on veut.

Pour beaucoup de propriétaires c'est l'inverse. Ils commencent avec de la liberté et ensuite ils veulent mettre des limites. Mais leur chien est déjà beaucoup trop excité.

Voici quelques moments clefs dans lesquels tu peux mettre de la structure et ainsi t'assurer de t'apaiser toi ainsi que ton chien.


1 - Au matin

Après un premier pipi de confort (si nécessaire), reviens à la maison et avant de sortir, attends 4-5 minutes, porte ouverte. On ne démarre pas parce que la porte est ouverte ou parce qu'il y a un chien qui passe. Seulement parce que tu l'as décidé.

Tu permets à ton chien d'apprendre qu'on ne démarre que lorsqu'il est calme.

Par ailleurs, c'est un bon exercice mental qui le fatigue plus que l'exercice physique.

Troisièmement c'est un super exercice pour t'apprendre à mettre des limites à ton chien sans t'énerver.


2 - Au retour de balade

Après chaque retour de balade, fais attendre ton chien devant la porte. Si tu as peur qu'il s'enfuie attache la laisse à la poignée ou reste tout près.

Le but est qu'il apprenne à s'apaiser avant de rentrer de balade.

Cela te permet d'établir avec ton chien qu'il s'agit de ta maison. Il est le bienvenu mais c'est chez toi, et pour pouvoir rentrer il se doit d'être calme.

Cela le structure également et avec ces deux exercices tu augmentes les moments durant lesquels il expérimente le calme.


3 - Dans la maison

Définis lui un endroit. Que ce soit un panier, un tapis, une cage ou juste un endroit. Plusieurs fois par jour, guide le vers ce lieu.

Il est nécessaire qu'il apprenne à rester à cet endroit. Et à n'en sortir que lorsque tu l'as décidé.

C'est un exercice intéressant pour apprendre à tenir un cadre avec ton chien sans t'énerver. Mais aussi cela t'apprend à le guider sans utiliser de mots mais uniquement ton corps.

Cela aura pour effet d'augmenter la profondeur de votre relation ainsi que la clarté de votre communication.


La structure est actuellement vue comme de la torture. Beaucoup (suite à leurs vécus) ne la voient que comme quelque chose de violent qui abîme la relation et le chien.

Et je suis d'accord. La violence et l'énervement n'aident personne. Pas même celui qui l'agit.

Par contre un cadre clair et ferme sans énervements, sans cris est apaisant pour tout le monde.

Cela requiert de savoir ce qu'on veut et pourquoi. L'humain doit être bien dans ses baskets et ne pas prendre personnellement toute désobéissance.

Le but de la structure est d'apporter du calme. Il suffit d'être dans une meute de chiens pour observer qu'ils se structurent naturellement.

C'est notre rôle de leur apporter ce dont ils ont besoin. La structure n'est pas de la dureté mais de l'auto-régulation.

Et par les temps qui courent, il s'agit d'un super pouvoir.

Car sans, impossible de se créer le futur dont on rêve.

Merci à Sha pour cette nouvelle illustration !

Pour avoir plus d’idées et de compréhension sur ce que c’est d’être un propriétaire libre, devenez membre de l’Académie.

Merci de m'avoir lu et à la semaine prochaine.

Olivier

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