Ta Culpabilité T’Enfonce

La culpabilité est comme le monoxyde de carbone.

Incolore, inodore, insipide mais toxique.

Elle s'insinue dans bien plus de zones que l'on ne l'imagine.

Il ne s'agit après tout que d'un point de vue.

Mais sans la reconnaître, on se condamne à une vie de remords.

Parce que la culpabilité ce n'est pas uniquement s'en vouloir pour le passé.

C'est aussi s'empêcher :

  • De tenter de nouvelles expériences

  • D'oser se réinventer

  • De se donner une autre chance

De nombreux propriétaires de chiens ne parviennent pas à traiter les difficultés de leur chien. Et ce n'est pas le savoir qui leur fait défaut, mais la culpabilité qui les paralyse.

Par contre, une fois diminuée, on découvre des parties de soi qu'on ignorait.

Il ne s'agit pas de ne pas revenir sur le passé, mais de s'en saisir.


Aussi changeant qu'un caméléon

Ces dernières semaines, de nombreux propriétaires nous ont contacté par rapport aux problèmes de leur chien.

Et un thème semblait revenir de manière récurrente mais sans que je puisse mettre le doigt dessus.

Jusqu'à ce message d'une propriétaire.

Cette gentille dame avait recueilli son chien depuis bientôt deux ans.

Elle se tourne vers nous après avoir consulté 6 comportementalistes qui ne l'ont pas aidées.

Voici l'un de ses derniers messages : "Je culpabilise parce que je l'ai adopté en pensant sauver une vie et pouvoir lui apporter de belles choses."

Pourtant, que peut-on lui reprocher ? Elle a dépensé plusieurs milliers d'euros pour trouver de l'aide. Elle continue à chercher.

De mon point de vue elle ne peut pas s'en vouloir.

C'est là que se trouve la différence. Ce n'est pas le sien.

Et c'est ainsi que cette lettre est née.

Tout le tragique de la culpabilité c'est qu'elle ne nous permet de voir qu'une réalité.

Et cette réalité est distordue.

On n'est pas coupable du comportement de son chien.

On peut par contre en être responsable (on parlera de la différence juste après).

Mais si on laisse de la place à la culpabilité, cette pensée devient récursive :

  1. Ce comportement se passe par ma faute.

  2. Je ne peux donc pas réellement agir sur son comportement puisque c'est ma faute.

  3. Le comportement se poursuit.

  4. Il se poursuit par ma faute.

  5. Retour à la case n°1.

Cela paraît simple, mais en réalité il est présent chez une majorité de propriétaires.

Puisque l'on se sent coupable, on n'ose déployer toute notre énergie pour régler le problème.

Ainsi les difficultés se poursuivent.

Cela est très évident lorsque nous allons en consultation.

La culpabilité joue le rôle d'un tampon.

Lorsqu'un chien est repris quant à son comportement, il est important que cela soit instantané.

On observe alors souvent, une ou deux secondes durant lesquelles ils ne se passent rien.

Et lorsque la correction vient, elle arrive trop doucement par rapport à l'intensité de l'agressivité du chien.

De plus, un humain coupable dégage une énergie très faible. Ce qui rend le chien encore plus inquiet et l’oblige à mal se comporter.

Les difficultés de comportement se poursuivent donc, entretenant la perception que nous sommes le problème.

Et l'on ne fait que s'enfoncer dans ce typhon si l'on n'en voit pas les bords.

Une vieille histoire

La culpabilité est notre doudou invisible depuis notre plus tendre enfance.

Notre société repose sur la culpabilité comme une tasse sur une soucoupe.

Elle n'est pas nécessaire mais on a l'impression que c'est plus joli.

  • "Tous pêcheurs"

  • "Le péché originel"

  • "File au coin"

Il faut un certain temps à un enfant pour définitivement comprendre ce qui est bien ou mal.

Pas parce que les parents ne l'expliquent pas, mais parce qu'il arrive que leur comportement indique le contraire.

Cela s'appelle la dissonance cognitive.

Nous avons tous certaines valeurs dans lesquelles nous croyons et que nous souhaitons incarner. Cependant il nous arrive d'agir contre ces valeurs.

Pour ma part, je crois qu'il est important d'aimer tout le monde. Cela ne m'empêche pas d'insulter l'une ou deux personnes lorsque je suis au volant.

L'une des stratégies pour composer avec la dissonance est de simplement la nier.

Comme ces propriétaires à qui l'on conseille de récompenser le calme chez leur chien. Mais la première chose qu'ils font lorsqu'ils rentrent c'est de caresser leur chien qui saute.

(L'excitation est à l'origine de la majorité des problèmes chez le chien, un toutou calme est un toutou qui fait peu de bêtises)

Pendant tout ce temps de croissance, certains enfants se trouvent dans un entre-deux. Ne sachant pas si leur action est bonne ou mauvaise.

Cela entraîne une culpabilité déjà sourde car le sentiment les accompagne depuis longtemps.

En tant qu'enfant, cela tourne autour de raisons concrètes (pipi au lit, casser un jouet,...).

À l'âge adulte, le sentiment est toujours présent, mais la raison devient plus floue. Et c'est ainsi que la culpabilité se loge dans notre esprit, gratuitement.

Une culpabilité à son paroxysme

Les 80GB d'informations qu'un esprit humain traite en un jour aujourd'hui équivalent ce qu'un esprit recevait sur toute une vie il y a 500 ans.

Notre cerveau déborde :

  • Les stars et leur vie incroyable

  • Les amis qui semblent avoir une vie parfaitement heureuse

  • Des propriétaires qui ont réhabilité leur chien difficile

  • La pauvreté extrême

  • La richesse exorbitante

Toutes ces images amènent avec elle une culpabilité :

  • De ne pas aider assez

  • De ne pas avoir assez accompli

  • D'avoir fait de mauvais choix

  • D'être en retard

Et cela va en augmentant.

Par le passé on n'était confronté qu'à la vie de son voisin. Le point de comparaison était atteignable.

À présent, notre voisin, c'est le monde entier. Et les réseaux sélectionnent rarement l'extrême pauvreté (pas très divertissant).

Dès lors, on a de plus en plus l'impression de mal faire.

Rajoutons à cela l'isolement que provoque les réseaux sociaux, et le cocktail devient aussi explosif qu'un Mentos dans un Coca.

Car, si la culpabilité ne peut être diminuée que par soi, l'entourage peut guider dans cette direction.

Beaucoup de chiots vivent avec des propriétaires qui se posent un millier de questions.

Ayant vu des vidéos sur TikTok ou Instagram, avec des avis opposés, ils ne savent plus quoi faire.

S'en suit une grande culpabilité: Ils ne savent peut-être pas quoi faire, mais ils savent qu'ils font mal.

En résumé, on a:

  • Un cerveau qui reçoit trop d'informations et qui, en plus, a de moins en moins de temps de les traiter.

  • De plus en plus de raisons (perçues) de se sentir coupable.

  • De moins en moins de gens à qui en parler (car aussi pris par trop d'informations).

Cela crée un deuxième typhon dans lequel la culpabilité grandit d'elle-même.

L'illusion de la culpabilité

L'église est le gouvernail de la société du Moyen-Âge.

Avec un rappel à l'ordre dominical, le peuple sait dans quelle direction il est censé aller.

La culpabilité chrétienne est le moteur.

Pour se sauver de son statut de pêcheur (tu vois l'analogie gouvernail-moteur-pêcheur?), sa seule chance est de multiplier les bonnes actions.

Et ainsi, basée sur la faiblesse de l'homme, la société avance.

Notre système scolaire a pris le pli et félicite les bons points, ostracise les moins bons.

Se construit alors : si l'on dit à quelqu'un qu'il fait moins bien, cela le poussera à faire mieux.

En tant qu'adulte ce n'est plus l'extérieur qui utilise la culpabilité pour nous faire avancer. C'est nous.

Il est difficile d'être bourreau et sauveur.

Par exemple, la culpabilité de m'y prendre tard (à nouveau) pour cette lettre m'a poussé à m'asseoir et à la démarrer.

C'est pourtant cette même culpabilité qui m'empêche d'écrire de manière fluide et ininterrompue parce que je me sens nul!

Elle peut donc effectivement être moteur, mais elle deviendra également un frein.

C'est pourquoi la responsabilité est la manière de gérer sa vie de manière plus sereine.

Créer sa responsabilité -Devenir Acteur

« La trainée du bateau ne définit pas sa direction »
— Dr Wayne Dyer

Dans certaines relations amoureuses passées j'ai été infidèle .

Je pensais ne pas me sentir trop mal.

J'ignorais à l'époque les raisons de mon comportement.

La culpabilité me rongeait sans que je le sache.

Ce qui me poussait à encore plus d'erreurs.

Mais, ignorant le pourquoi, je ne pouvais qu'être victime de ce qu'il se passait en moi.

C'est pourtant la culpabilité qui m'a fait arrêté dans un premier temps. Lorsque mes méfaits ont été découverts, le tsunami de conséquences m'a stoppé.

Mais c'est également elle qui m'a empêché de comprendre.

Cela m'a simplement enfermé dans la pensée que j'étais mauvais, et faisais de mauvaises choses.

C'est lorsque j'ai pu analyser ce que j'avais fait, de manière presque extérieur, que j'ai pu m'observer.

Beaucoup pensent que ne plus se sentir coupable, c'est s'enlever la responsabilité.

Mais être responsable de ses actes, c'est en prendre la pleine mesure. C'est assumer les choix que l'on a fait.

Il s'agit de se pardonner ses erreurs.

Et travailler à faire mieux.

La culpabilité est tournée vers le passé. Elle nous enferme dans un personnage :

  • "Je suis un connard."

  • "Je suis une ratée."

  • "Je suis une anxieuse."

La responsabilité est un décalage discret mais tellement important :

  • "J'ai fait le con, qu'est ce que je dois changer?"

  • "J'ai raté ça, de quelles infos me permettront de ne pas le refaire?"

  • "Ça m'a rendue anxieuse, qu'est ce qui va me rassurer la prochaine fois?"

Se sentir coupable c'est ancré qui on est dans ce qui s'est passé. Et ainsi s'enlever toute possibilité de changer.

Et même si l'on se permet de faire différemment, à la première erreur, la culpabilité s'insinuera et glissera à notre oreille : "Tu vois t'as pas changé."

Être responsable, c'est reprendre le pouvoir sur sa vie.

C'est se permettre de voir que l'on peut changer la direction de son bateau en utilisant le passé. Pas en étant sa victime.

Être responsable - 3 Étapes Pour Être Tout-Puissant

"Un grand pouvoir entraîne de grande responsabilités. "

Le contraire est encore plus vrai.

De grandes responsabilités entraînent un grand pouvoir.

C'est en étant conscient de la responsabilité que l'on a pour sa vie, que l'on peut enfin saisir le pouvoir que l'on a.

Prendre la responsabilité de ce qui nous arrive, c'est aussi reprendre la possibilité de les changer.

Il ne s'agit pas d'un chemin rapide. Voici quelques raccourcis afin d'aller plus vite.

  1. L'origine

La culpabilité s'insinue partout. Elle est aussi difficile à repérer qu'un sous-marin dans un océan.

Comprendre à quoi ressemble la culpabilité pour chacun de nous est un bon point de départ.

  • Á quoi penses-tu quand je parle de culpabilité ?

  • Si des événements te viennent à l'esprit, quelle sensation s'y lie ?

  • Lorsque ton chien fait ce comportement avec lequel tu batailles, quelles sont les pensées qui s'en suivent?

Pouvoir refaire doucement le fil de la culpabilité et la reconnaître lorsqu'elle se présente est la première étape.

C'est la plus difficile et la plus essentielle.

2. De la compassion à chaque étape

Lorsqu'on en veut à quelqu'un c'est généralement à soi.

Après une trahison, on en veut à la personne, mais on s'en veut surtout à soi. D'y avoir cru, d'avoir fait confiance.

Dans le cas de la culpabilité, on s'en veut souvent sans raison.

Uniquement parce qu'on est impliqué dans la situation.

Le simple fait de, pour chaque événement pour lequel on se sent coupable, faire preuve de compassion envers soi est un véritable cadeau.

Concernant ces moments où tu te dis que tu as vraiment été stupide/nul.le/incompétent.e. Offre-toi la chance de simplement être humain.e et que faire des erreurs c'est apprendre.

Se voir avec compassion est un super-pouvoir, et il se travaille.

3. Introduire de la responsabilité

Après avoir reconnu certaines formes de ta culpabilité.

Après t'être donné un tout petit peu d'air.

Il est temps de changer de direction.

Parce que si tu te sens coupable c'est probablement parce que tu as effectivement fait une erreur.

Et elle a besoin d'être corrigée.

Souviens-toi, ce n'est pas qu'il n'y a pas d'erreur qui a été commise, c'est simplement qu'on n'utilise plus la culpabilité pour se corriger.

Quelques questions pour prendre la responsabilité de tes actes :

  • Qu'est ce que j'ignorais que j'ai besoin de savoir pour la prochaine fois ?

  • Qu'est ce que j'aurais du faire avant ?

  • Comment aurais-je pu réagir après ?

Les réponses te permettront de changer la direction de ton bateau sans avoir l'impression que c'est le bateau qu'il faut remplacer.

Et tes réactions aux événements seront plus ajustées en terme d'intensité et de timing.

Je te remercie de m'avoir lu.

Merci à Sha pour cette nouvelle magnifique illustration.

À la semaine prochaine.

Olivier

Ps : Pour approfondir les moyens de répondre aux comportements de ton chien et mieux te comprendre, l'Académie est le bon endroit.

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