Comment procrastiner la procrastination

Comment mieux commencer une lettre sur une procrastination qu'en retard ?

Nous sommes jeudi et ces lettres sont normalement démarrées le lundi.

Au moins cela facilite la sélection du sujet de la semaine.

La procrastination est dans tout : le travail, les relations, même les hobbies.

Et procrastiner ce n'est pas seulement être en retard dans ce que l'on prévoit de faire.

C'est aussi entraîner avec soi un cortège d'émotions.

C'est s'imposer des souffrances inutiles.

Pourtant on ne peut s'en empêcher.

Sauf pour les robots d'entre nous (j'ai la chance d'en connaître un).

Mais passer sa procrastination c'est aussi la comprendre.

Entre nous et nos rêves, se tient une vallée de retards et détours.

Plus on en connaît les méandres, plus nous avons de chances d'éviter certains pièges.

Et ainsi se rapprocher de ce que l'on souhaite réellement accomplir dans nos vies.

Cibler l'ennemi

Procrastiner c'est à présent être samedi et seulement commencer le deuxième paragraphe.

C'est se sentir coupable de ne pas faire les choses plus tôt.

C'est se demander pourquoi prendre autant de temps pour faire les choses.

La procrastination c'est mon plus grand ennemi.

Et pourtant, après autant de temps passé ensemble, on devrait plutôt être meilleurs amis.

Steven Pressfield l'appelle la résistance.

Et elle n'apparaît que pour les choses qui ont une réelle signifiance pour nous.

Rarement pour Netflix.

Jamais.

Ce qui empêche qu'on la considère comme notre amie, c'est qu'on la situe à l'extérieur de nous.

Elle est pourtant purement interne.

C'est une énergie qui est en chacun de nous et elle possède la même puissance que l'énergie de mouvement.

Et comme pour tout mouvement, l'inertie est le paramètre qui fait la différence.

L'inertie

L'exemple physique parfait de l'inertie est l'ascenceur.

Si vous montez 25 étages il est impossible de faire la différence entre la montée et l'immobilité.

Un corps qui se déplace sans accélération ou décélération a les mêmes sensations qu'un corps à l'arrêt.

Ceci peut jouer à notre avantage.

Ou désavantage.

La plus grande dépense d'énergie a lieu au moment de mettre le corps en mouvement.

Et c'est exactement là que se trouve la procrastination.

Dans l'énorme friction qui précède le mouvement.

Les voitures, consomment le plus de carburant lors de leurs démarrages.

Ce sera pareil pour nous.

Le plus dur c'est pas :

  • de sortir du lit, c'est de tirer la couette.

  • de l'embrasser, c'est aller vers ses lèvres.

  • d'avoir cette conversation, c'est de la lancer.

Par contre l'inertie est dans notre camp une fois l'initiation passé.

Les choses se mettent en place et il est parfois même plus difficile d'arrêter le mouvement.

Raison pour laquelle on remplit la batterie de nos voitures électriques en freinant.

Comprendre que cette résistance permet de l'anticiper.

Comprendre de quoi elle est faite permet de faire un peu plus la paix avec.

Les 3 composantes

L'alchimiste doit laisser brûler le plomb durant plusieurs semaines avant de le voir se transformer en or.

Il doit s'armer de patience et de confiance pour pouvoir atteindre son but.

S'il retire le plomb du feu, il s'assure de manquer son processus.

Mais pour pouvoir le maintenir si longtemps sur le feu (l'inertie) il a besoin d'une composante supplémentaire: la certitude.

Son contraire participe également la procrastination.

Être incertain des résultats entraîne un réel blocage.

L'incertitude se combine à la peur pour former les 3 piliers d'une bonne procrastination.

Il est pourtant difficile d'être certain d'un résultat que l'on n'a encore jamais vu. (Si tu es entrain de tendre vers quelque chose d'inconnu dans ta vie)

Il devient nécessaire d'avoir des indicateurs de notre avancée.

On ignore souvent d'où l'on vient.

Peu importe où tu en es actuellement, il y a une zone de ta vie dans laquelle tu es plus loin que tu n'aurais pu l'imaginer.

Pour ma part c'est mon chien qui me permet d'être le point de référence.

Je pars de tellement loin avec lui qu'à chaque fois que je le vois promener sans laisse, une partie de moi à la bouche qui pend.

C'est aussi un indicateur que je trouve nul à présent (parce que j'y suis habitué) mais j'ai payé des milliers d'euros pour n'en avoir que l'expérience.

Ce sera le premier piège auquel tu feras face lorsque tu choisiras un point de référence : son importance diminuera avec le temps.

Á la manière des millionnaires qui veulent être milliardaires, nous avons toujours tendance à monter la barre de ce qui a de la valeur.

Fais-y attention. Parce qu'en montant cette barre, ta procrastination suivra.

L'incertitude de parvenir à des résultats vient d'un supposé manque de preuves.

Pourtant elles sont là si tu te permets de les chercher, les trouver et les inscrire dans le marbre.

C'est sur celles-ci que tu te construiras.

Et plus les étapes sont claires, ainsi que l'espace entre elles petit, plus cela sera simple d'engranger de l'inertie de mouvement (le rythme).

Le rythme

Le rythme d'une chanson la définit.

Le rythme de notre coeur définit nos sensations.

Le rythme de notre vie nous définit.

Dans la procrastination tout est question de rythme.

Il s'agit en fait de la réponse.

À quel rythme dépasse-t-on à nos peurs ?

À quel rythme te mets-tu en mouvement pour changer l'inertie ?

À quel rythme atteins-tu tes paliers ? (Autrement dit comment les définis-tu?)

Plutôt que de penser en terme d'objectifs et de choses à faire, il est utile de se concentrer sur le rythme.

Le focus n'est alors plus mis sur les résultats, mais simplement sur le fait de faire.

Chez DogConnXion on utilise un mantra qui nous aide beaucoup : "Volume".

Cela induit que l'on se concentre sur le fait de faire.

On produit, même si ce n'est pas parfait, même si l'on a peur du résultat ou que l'on n'est pas sûr de ce que cela apportera.

Avec le rythme vient la qualité.

On oublie souvent que c'est le faire qui amène le savoir-faire. Et pas l'inverse.

Dans ce cadre là, un bon Tracker d'habitude va grandement aider.

ll te permet de garder un suivi de ce que tu fais (de ton rythme), ce qui te permet :

  • De te concentrer sur ce qui est fait et pas où tu veux arriver

  • Diminuer l'incertitude car tu es concentré sur l'action

  • Mettre l'inertie en mouvement

  • Atteindre des objectifs régulièrement

Tout cela entraîne du mouvement qui est essentiel pour dépasser la procrastination.

Si cela t'intéresse nous pourrons revenir plus précisément sur des actions concrètes à mettre en place pour dépasser la procrastination.

Il me semblait important pour commencer de passer par son origine.

Je crois en effet que les solutions te viendront.

En observant s'il s'agit plutôt d'inertie, de peur ou d'incertitude tu seras plus à même de savoir à quoi tu fais face.

En sortir

La procrastination n'est rien d'autre qu'un mur d'émotions déguisé en inertie.

Ces émotions reviennent tel un boomerang au moment de finalement faire ce qu'on évitait.

Mais cette fois accompagnées de culpabilité et parfois de colère envers soi-même.

Pour autant, procrastiner n'est pas que mauvais. Cela permet de mûrir ses idées et de faire preuve d'une grande concentration lorsqu'il n'est plus possible de faire autrement.

Il s'agit donc d'un portail vers plus de compréhension de soi, mais aussi de grâce.

Par ailleurs, ne pas s'en vouloir lorsqu'on retarde est un super-pouvoir (en tout cas pour ceux comme moi).

Cela arrive tellement fréquemment, qu'il s'agit d'autant d'occasions d'accepter ses défauts.

Une fois acceptée, l'énergie contenue dans la procrastination peut être relibérée vers une tâche accomplie avec brio!

L'application aux chiens

Durant de nombreux mois, je retardais mes balades.

La peur me prenait dans tout le corps.

Au moment de me lever c'était la première chose à laquelle je pensais.

La balade commençait dans ma tête une heure avant de mettre la laisse.

Mon coeur battait dans ma poitrine, mes paumes suaient, ma respiration était accélérée.

Me lever de mon canapé pour aller vers la porte ressemblait à une marche sur la braise.

Et les éducateurs canins que j'ai rencontrés ne m'ont pas aidés.

Certains (très peu) aidaient mon chien, mais aucun ne m'a aidé moi.

Comprendre un chien, c'est le plus facile.

Si on les observe, on les comprend et on ne se laisse pas avoir par la société bien pensante du moment, il est possible de trouver des solutions.

Mais l'essence du travail de comportementaliste, c'est de comprendre l'humain qui tient la laisse.

Et trouver comment l'aider.

Et la procrastination fait très clairement partie des soucis que l'on rencontre lorsque l'on a des problèmes avec son chien.

Pour les 3 raisons dont on a parlé aujourd'hui.

La plus importante est très certainement la peur :

  • De mal faire

  • De ne pas trouver de solutions

  • Que cela ne marche pas

  • Du regard des gens

Il y a tellement de peurs qu'il est difficile de les lister.

Aussi parce que beaucoup sont inconscientes ou niées.

Prendre le temps de les noter, aussi ridicules qu'elles puissent paraître, fera partie du chemin vers plus de liberté.

La deuxième raison à cette procrastination est l'inertie.

Nous sommes des animaux d'habitude.

Lorsque l'on est accoutumé à un comportement, on s'y tient.

Même s'il nous fait souffrir.

L'énergie pour initier le changement est plus grande que celle pour garder la même conduite.

On a des habitudes avec nos chiens.

  • On dit "On va promener" avant d'aller promener

  • On laisse le chien sortir en premier

  • On se crispe au moment d'approcher le problème

  • On donne à manger à table

Peu importe les vidéos d'éducateurs canins ou de comportementalistes que tu as déjà vues, tu continues.

C'est l'inertie. C'est normal.

On sait, mais on continue.

C'est dans ce cadre là que choisir une nouvelle habitude avec son chien est utile.

Juste un changement. Et le noter lorsqu'on l'a fait.

Tu sais ce petit truc que tu fais où tu te dis que ce serait une bonne idée de ne plus le faire.

Et à force, le rythme viendra et l'inertie sera dans cette nouvelle habitude.

Dans notre Académie, on plonge plus profondément dans ce qui peut empêcher un propriétaire de changer les choses mais aussi comment les changer.

La troisième est l'incertitude. Pourquoi changer ces choses si je ne suis pas sûr qu'elles auront un impact ?

Un exemple : les personnes avec un chien réactif doivent d'abord faire des changements à la maison avant d'espérer voir des changements à l'extérieur.

Étant contre-intuitif, les propriétaires prennent plus de temps à changer car ils doutent de l'impact.

Dans ce cadre-là, les plus longs formats vidéos ou des consultations permettent aux propriétaires de mieux voir l'impact qu'un petit changement peut avoir.

Tu devras faire face à ces 3 barrages pour pouvoir avancer.

Si tu les reconnais lorsqu'ils se présentent tu pourras plus facilement les dépasser.

Cette lettre a été faite dans la plus grande des procrastinations et j'espère qu'elle sera porteuse de toute l'énergie de changement que je te souhaite.

Il s'agit de réelles forces contre lesquelles il faut lutter et cela peut importe la sphère de ta vie qui te préoccupe actuellement.

Mais le lieu où tu finiras vaudra toutes les luttes auxquelles tu fais face actuellement.

Promis.

Pour retrouver les autres lettres.

Merci de m'avoir lu et merci à Charlotte de @shaworks pour son illustration pleine de retard et de talent.

Tu as encore trouvé le moyen d'être totalement à l'image de cette lettre.

À la semaine prochaine.

Olivier.

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