Vivre Différemment C'est Se Voir Différemment

Il y a 4 ans, j'adoptais mon chien.

En début de pandémie, tout semblait me sourire. Après 13 ans, la fin de mes études était enfin à portée de main. Ma relation amoureuse était au beau fixe.

Et, cerise sur le gâteau, il semblerait que pour les prochaines semaines, voire mois, je ne doive pas aller en stage.

Lorsque tout va bien, j'ai tendance à en vouloir encore plus. Alors l'idée de finalement réaliser mon rêve m'est apparue.

En quelques jours, je récupérais Rox dans un refuge. Magnifique chien noir, élancé à l'allure royale de 4 ans.

Tout me souriait.

Jusqu'à la première balade. Et toutes celles des deux années qui suivirent.

Il est difficile pour ceux qui n'ont pas de chien, de comprendre la profondeur que peut représenter une telle relation.

Et les dégâts qu'elle peut occasionner. Pour l'humain mais aussi pour le chien.

Peu de gens (comme moi à l'époque) ont une connaissance minimale du chien.

Et souvent encore moins, d’eux-mêmes.

Dans une société où la santé mentale est en crise et que le bon sens est devenu une denrée, les soucis ne pouvaient qu'exploser.



Une société connectée déconnectée



La 5G est présente partout dans notre monde occidental.

Il n'a jamais été possible de voyager si vite, tout en restant sur place.

Je peux discuter simultanément avec quelqu'un aux Etats-Unis autant qu'au Congo sans bouger de mon canapé.

Je peux visiter le monde marin sur ma télévision, tout en admirant un twerk des plus précis sur mon téléphone.

Je peux être en balade dans la forêt et regarder le dernier voyage d'un "ami" que je n'ai pas vu depuis plusieurs années.

Et au même moment, la solitude n'a jamais été aussi grande.

10% de la population se sent seule.

80% de ces personnes en souffrent.

Les chiens représentent le remède parfait à cette souffrance :

  • Jamais jugeants

  • Toujours présents

  • Heureux de nous voir

Ils redonnent une légitimité à qui ne se sent plus à sa place dans la société.

C'est alors que les projections se mettent en place. Dans beaucoup de cas les chiens (ou tout animal domestique) viennent combler un besoin.

Cela est vrai également dans les familles.

Les chiens peuvent remplacer cet enfant déjà parti, ou ce partenaire qui avait l'habitude d'être attentif.

Les animaux viennent donc dans un monde où nous sommes déconnectés des autres mais aussi de nous-mêmes.

Beaucoup de nos clients ne sont pas conscients des difficultés qu'ils traversent.

Et ce ne sont pas les seuls.

Déconnecté de nous-même, des autres mais aussi de la nature (et dès lors du bon sens).

Hors les animaux, surtout domestiqués, sont les meilleurs portails entre notre société et la nature.

Si on leur laisse cette place.



L’équilibre Problème-Solutions

Pendant plus de 2 ans, j'ai sué. Mon rêve de vie parfaite s'est envolé dès la première balade et l'ensemble a suivi.

Je suis passé par tous les états possibles. Des profondeurs que j'ignorais.

Si j'avais su à l'avance ce qui allait m'arriver je n'aurais jamais adopté ce chien.

J'ai souffert comme je n'avais jamais connu. Mon monde s'écroulait tout autour de moi (ce qui montre comme j’ai eu de la chance dans ma vie) :

  • Mes relations

  • Mon travail

  • Mon amour-propre

Et le plus difficile est ce sentiment de ne rien pouvoir y faire.

Que la vie te tombe dessus et que tu ne peux que la subir.

La transformation ne peut parfois commencer qu'au fond de la piscine.

Lorsque l'on arrive au bout de ces pensées là, on atteint deux possibilités:

  • Continuer (et finir par blâmer les autres, le monde, la vie)

  • Trouver le pouvoir qu'on a sur les choses

On penserait d'avance que la deuxième option est la plus évidente et logique à prendre.

C'est sans compter sur les émotions.

Blâmer le monde, être la victime des événements ne comporte pas que des mauvais côtés.

Le statut de victime est un statut.

Le statut est l'une des principales raisons de se battre pour l'être humain.

Gagner plus d'argent, avoir un chien qui se comporte mieux ou avoir le corps dont on rêve mènent tous à la même chose : Une élévation de statut.

Lorsque j'aurai X ou Y, je serai alors cette personne qu'on aime ou qu'on admire.

Les vêtements que l'on porte, la voiture que l'on conduit (ou pas), les personnes qui nous entourent sont autant de signaux de notre statut.

Une élévation de ce dernier donne un sentiment de sécurité plus élevé.

Dans le passé, un statut plus élevé vous assurait une survie au sein de la tribu.

Ce mécanisme est resté ancré en nous malgré l'absence de risque mortel.

Parfois dans notre vie (Ça a été mon cas), le statut de victime est le seul auquel on peut prétendre. Et il est puissant.

Si je subis la vie, si j'ai toutes les chances tournées contre moi, cela fait de moi quelqu'un également de plus vertueux que les autres.

Je suis un martyr et vous devriez tous me respecter pour ce que je subis.

Il s'agit là d'un engrenage très dangereux car plus on s'enfonce dans cette idée, plus ce statut est dur à quitter. Il nous oblige à passer par un temps que j'appelle la vallée du vide.

Il s'agit du passage entre le statut de victime et le statut de responsable.

Parce qu'endosser la responsabilité des choses peut entraîner une foule de sentiments négatifs envers soi-même, avec l'impression que tout est de notre faute.

Dans la vallée du vide, la solitude est à son paroxysme. On s'aperçoit que le trou dans lequel on se trouve est celui qu'on a creusé (très souvent malgré nous). C’est souvent là que la plus part des gens s’arrêtent et lors du prochain événement difficile, reviennent à ce qu’ils faisaient avant.

La (petite) confiance qui se construit avec le statut de victime est extrêmement difficile à lâcher. Parce que c'est généralement tout ce qui nous reste.

Les difficultés qu'une personne peut rencontrer avec son chien deviennent alors le récipient parfait.

"Mon chien est taré."

Voilà l'explication que j'utilisais le plus souvent.

Et j'ai résisté. Longtemps.

Il m'a fallu payer plus de 2 ans de souffrance, plus de 12000 euros et l'intervention providentielle de mon mentor pour accepter que ce n'était pas que lui.

Je sais ce que c'est de ne pas vouloir voir. Même de ne pas pouvoir. .

Ce qui est aussi difficile lorsque l'on traverse cette vallée, c'est que l'on arrive à un monde que l'on ne connaît pas.

L'inconnu fait peur.

Mais si l'on est arrivé jusque là, c'est parce que le connu était plus effrayant.

Pousser la porte de la responsabilité

Une expérience a été menée avec des rats affamés pour calculer la force avec laquelle ils tentent de sortir d'un tunnel.

Deux scénarios furent testés.

Dans le premier un morceau de fromage était mis au bout du tunnel. Les rats tirèrent avec une certaine force.

Dans le deuxième cas, le morceau de fromage était encore là mais en supplément ils mirent l'odeur d'un chat derrière eux. Ils tirèrent avec une force encore plus grande.

Ceci nous montre qu'il nous faut deux choses pour pouvoir déployer notre pleine puissance de changement :

  • Un but qui nous fait envie

  • Une situation qui nous fait peur

Parfois le but n'est pas encore clair mais l'envie de quitter une situation est présente.

Pour certaines personnes en difficulté avec leurs animaux (le reflet des leurs), l'envie d'aider leur animal à ne plus être dans cette situation est la seule force qui les anime.

Ils n'ont pas l'idée que ce chemin les mènera vers la prise de leurs responsabilités.

Nous traversons une crise de la responsabilité et si nous en sommes les premières victimes, juste derrière est notre environnement.

Et encore plus particulièrement les animaux qui sont les plus proches de nous.

Connais-toi toi-même | Socrate

À l'ère de l'internet partout, le miroir que nous utilisons ne nous envoie plus notre propre image mais les images que l'algorithme nous souhaite.

Il devient difficile de se connaître et de s'observer (cela demande du silence et de l'ennui).

Heureusement la nature fait bien les choses et nous a laissé les animaux domestiques pour nous rappeler que nous sommes également des animaux.

Ils sont le miroir que l'on ne peut éviter. Pour celui qui veut.

Quitter les problèmes avec son animal c'est se rapprocher de plus en plus de ce miroir jusqu'à ne plus pouvoir voir que soi.

Et c'est à partir de là que l'on pousse, petit à petit, la porte de la responsabilité.

Qui dit responsabilité dit pouvoir et qui dit pouvoir, dit responsabilité.

Et quelle libération de savoir que l'on peut finalement faire quelque chose.

Bouddha dit :"Ne tire pas la deuxième flèche."

La première flèche est généralement tirée par la vie : un évènement, une maladie, une mauvaise rencontre.

La deuxième flèche est notre réaction, l'étiquette que l'on met sur cet événement :

  • Bon - Mauvais

  • Chance - Malchance

  • Magnifique - Horrible

C'est dans la deuxième flèche que se trouve ta responsabilité et ton pouvoir.

Pouvoir accepter le comportement d'un autre (dans ce cas-ci un chien) et ne faire que l'observer. Ne pas y ajouter quoique ce soit comme signification.

Progressivement les choses changent.

Les problèmes sont moins énormes et deviennent des événements.

Même des opportunités.

On trouve des solutions qu'on n'avait pas encore imaginées.

Et on accepte d'être nul. De ne pas savoir.

Parfois c'est le plus dur à faire pour certains d'entre nous.

Prendre sa responsabilité sans culpabilité

Me pardonner est ce qui m'a pris le plus de temps.

Pour prendre mes responsabilités j'étais obligé de me pardonner.

Je ne l'ai pas fait pour moi au départ mais pour mon chien. (C'est ce que je me disais en tout cas).

Comment accepter que j'entretenais ses difficultés, quand j'étais celui qui devait le sauver ?

Cela a été long (ce que je me pardonne également maintenant) avant que je puisse voir qu'il venait me sauver.

M'aider à prendre les responsabilités de mes actes et des choses qui m'entouraient.

Mais cela ne s'est pas fait sans devoir faire face à la culpabilité.

Cela se fait en 6 étapes :

  1. Refuser de voir que je suis responsable

  2. Entrevoir la possibilité que je le sois.

  3. Fuir parce qu'alors je vais me sentir trop coupable.

  4. Souffrir à nouveau.

  5. Ouvrir complètement la porte de la responsabilité.

  6. Se pardonner les 5 étapes précédentes.

Si tu passes par l'une de ces étapes c'est que tu es sur le bon chemin.

Et la bonne nouvelle c'est que tu peux prendre un raccourci.

Se pardonner est un chemin et on a souvent beaucoup de choses à se pardonner.

Autant commencer rapidement.

A. Les problèmes sont en partie le reflet de ma santé mentale

Ma vie il y a 3 ans ne ressemblait en rien à celle d'aujourd'hui. J'étais beaucoup plus instable émotionnellement, moins structuré.

À la merci de mes mouvements émotionnels je balançais comme un drapeau au vent.

Et, sans surprise, les comportements de mon chien étaient bien pire.

Comme je l'ai dit, ce n'est pas les événements qui vont déterminer leur impact, mais bien notre manière de les regarder.

Avant de regarder les événements qui t'entourent, regarde comment-tu vas.

Une question toute simple : "Comment ça va ?"

Et laisse les réponses venir.

Si tu lis cette lettre et que tu l'as lue jusqu'ici, il y a des chances que tu traverses des choses difficiles.

Laisse de la place à ces choses là avant.

B. J'ai le pouvoir

Tout le monde veut le pouvoir, jusqu'à ce qu'ils aient les responsabilités qui vont avec.

Je te propose de fonctionner autrement.

Prends ce que tu essaies d'accomplir actuellement. Imagine-toi, l'ayant effectivement fait.

Maintenant quelles sont les responsabilités qui t'incombent afin de rester à cette place.

Souvent les positions de pouvoir ou de maîtrise d'une situation demandent des qualités comme :

  • La stabilité émotionnelle

  • Une capacité de décision

  • Une communication claire et directe

  • Des valeurs que l'on défend

Quelles sont les choses qui te manquent actuellement pour cela ?

Une liste de ces différentes qualités te placent à présent à une place différente.

De rêveur, tu deviens créateur.

Et les manques ne sont pas externes mais internes.

Cela mène presque toujours à la 3e étape.

C. Libre

Écrire cette lettre est toujours un challenge.

Je n'en suis qu'au début et pouvoir m'assurer que je fais du bon travail n'est pas évient. Dès lors la procrastination repointe le bout de son nez.

Parce que c'est difficile.

Et revient alors la culpabilité.

De n e pas faire asssez bien, assez vite, assez bon.

Et je connais ce schéma. C'est celui de la culpabilité.

Grâce à toi à qui j'écris cette lettre je peux gratuitement l'observer et prendre la responsabilité de ce qu'il se passe sans pour autant me flageller.

Voir que je peux faire mieux. Penser aux choses que je peux faire différemment et les mettre en place.

Tout changement est progressif.

Et l'un des verrous à faire sauter est la culpabilité.

J'irai plus loin. Parfois se culpabiliser est la meilleure des excuses. Parce que malgré le mal que cela fait sentir, il s'agit également du meilleur moyen de ne rien faire.

Toutes les émotions négatives n'ont pas pour unique but de nous mettre à mal. Beaucoup nous protègent.

Reconnais quand la culpabilité revient pointer le bout de son nez et choisis que faire à la place.

D. Un miroir

La vie n'est qu'une série de répétitions.

L'eau part des montagnes pour finir en gouttes de pluie coulant sur cette même source.

Les guerres commencent juste après la paix.

Une ère en remplace une autre.

Et à plus petite échelle, nous participons à cette répétition.

La manière dont la société nous traite est la manière dont nous sommes élevés.

Notre éducation entraîne notre façon de tisser des relations.

Les relations sont le reflet de notre relation à nous-même.

Nous avons ensuite des enfants dans une société qui a évolué depuis notre enfance.

Et ainsi le cycle continue.

« On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux »
— Gandhi

Pour reprendre cette fameuse citation, je dis qu'on reconnaît la manière dont se traite une personne à la manière dont il traite ses animaux.

Ce qu'il se passe avec vos animaux est ce qu'il se passait ou se passe pour vous.

Il s'agit d'une opportunité si vous prenez la responsabilité de la voir comme telle.

Comme l'ensemble des problèmes dans votre vie.

Merci d'avoir lu cette lettre.

Et merci à Charlotte pour l'illustration. (Allez la suivre @shaworks sur Instagram)

Pour prendre en charge vos problèmes avec vos chiens si vous en avez.

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